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Marché de l'emploi

Comment l’emploi a évolué en 30 ans

Par Guirec Gombert | Publié le 06/03/2015 - Mis à jour le 08/12/2016

Des années 80 aux années 2000, le visage de la France a profondément changé au gré de l’économie. Si l’on évoque volontiers la précarisation du marché du travail, il est également vrai que la part des salariés stables est toujours aussi importante dans les entreprises. Au cours de cette période, une autre donnée ressort : le nombre total d’emplois a plus augmenté que la population française.

Malgré les chocs économiques qui ont suivi les Trente Glorieuses, de 1982 à 2011 «le nombre total d’emplois a augmenté de plus de 20% en France métropolitaine, plus rapidement que la population sur la même période (16%)», selon une récente étude publiée par l’Insee. En parallèle, de nouvelles formes d’emploi sont apparues, notamment avec les missions d’intérim et de CDD. Aujourd’hui, près de 9 embauches sur 10 prennent la forme de contrats courts «alors même que la part des emplois instables dans l’entreprise n’augmente pas», note Claude Picard dans une autre étude de l’Insee. Pour l’auteur, le marché du travail serait ainsi segmenté en deux mondes cloisonnés, les salariés occupant des emplois instables ayant peu de chances de rencontrer ceux qui ont un emploi stable. Mais une autre segmentation existe en France, en fonction de la zone géographique habitée.

La France qui gagne et l’autre

En 30 ans, au sein des 304 zones d’emploi recensées par l’Insee, dans un quart d’entre elles, l’emploi a diminué quand il a progressé de près de 30% dans un autre quart. Parmi les territoires qui affichent les plus forts taux de croissance, neuf se trouvent en Ile-de-France et six correspondent à des métropoles régionales : Montpellier, Toulouse, Nantes, Rennes, Bordeaux et Lyon. Les villes moyennes situées dans des zones touristiques ont également connu une hausse de l’emploi.

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A l’inverse, les régions industrielles et agricoles ont vu l’emploi reculer au gré des changements de l’économie productive. «Pour les fonctions de production concrète (qui correspondent aux emplois de fabrication industrielle et production agricole notamment, peu qualifiés en général), les effectifs ont été divisés par deux», expliquent Robert Reynard et Pascal Vialette de l’Insee. Un recul qui s’explique notamment par les progrès technologiques et la mondialisation. Les productions «abstraites» (conception-recherche, commerce, production culturelle, etc.) ont, elles, progressé de 47%, devenant majoritaires au sein des activités productives.

Les activités dites présentielles, reposant sur une demande locale (actions sociales, éducation, santé, etc.), sont également de plus en plus importantes dans l’économie, passant de 56% des effectifs de l’emploi total en 1982 à 65% en 2011. Autre chiffre : durant ces 30 ans, le nombre d’emplois dans la sphère présentielle a progressé de 42% contre 16% pour la population. «Par exemple, dans les zones d’emploi de Montpellier ou du Genevois français, où la population a augmenté de près de 70% en 30 ans, le nombre d’emplois présentiels a été multiplié par 2», détaillent les deux auteurs.

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Certains bassins d’emploi ont ainsi pu rebondir après le retrait des industries de production grâce au tourisme ou l’arrivée de retraités, comme certains coins de Corse ou encore Les Sables-d’Olonne. Des emplois parfois aussi créés par la force publique : l’administration publique, la santé et l’action sociale et les services de proximité ont ainsi «joué un rôle d’amortisseur dans les zones où l’emploi total diminuait», poursuivent les auteurs.

Un marché du travail en mutation

Le Centre d’études de l’emploi (CEE) et l’Insee se sont également penchés sur l’évolution du marché du travail au cours des 30 dernières années. Deux recherches démontrant que le monde du travail se divise de plus en plus en deux. «D’un côté, on observe une hausse de la mobilité (…), de l’autre, la part des travailleurs stables qui ont passé plus des trois quarts de leur carrière chez le même employeur a aussi augmenté», indique le CEE. En 1982, pour 100 salariés présents, le nombre d’embauche et de débauches s’élevait à 32. En 2011, ce chiffre a bondi à 177. Une rotation qui a quasiment quintuplé en l’espace de trente années. Comment d’un côté certains sont poussés à régulièrement changer d’emploi quand d’autres restent dans la même entreprise ? Une des explications apportées par le CEE est le vieillissement de la population. «En 2007, la stabilité maximale observée entre trente et trente-quatre ans d’ancienneté sur le marché du travail correspond essentiellement à l’arrivée en deuxième partie de carrière des premières générations du baby-boom : celles nées entre 1944 et 1963». Avec leur départ à la retraite, les choses pourraient évoluer vers plus de mobilité au travail bien que la norme reste encore le Contrat à durée indéterminée (CDI). Ce dernier concerne près de 90% des salariés du privé.

Mais ce "Graal" est difficilement atteignable pour ceux qui occupent un emploi en CDD ou en intérim. Alors que ceux qui ont un emploi stable sont «de moins en moins enclins à quitter leur entreprise, compte tenu de l’évolution observée sur le marché du travail», «la probabilité qu’un salarié en CDD ou en intérim occupe un emploi en CDI un an plus tard ne cesse de diminuer sur longue période», commentent les auteurs.

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Premiers concernés par cette rotation : les jeunes, même si les seniors ne sont malheureusement pas en reste. La part de CDD dans cette dernière population est passée de 2% dans les années 90, à 8% en 2011. Concernant les jeunes, la question se pose de savoir ce que l’avenir leur réserve. Dans un article signé au Monde, le sociologue Louis Chauvel évoque une génération sacrifiée. Selon lui, «L’expansion des niveaux de diplômes a créé une génération identifiée à la classe moyenne supérieure, mais dont le revenu glisse sous celui des classes moyennes inférieures de la génération de ses parents. Cette nouvelle génération vit une tendance montante de déclassement économique».

Un dernier facteur entre en jeu : le métier exercé. Certains restent peu sensibles au mouvement de rotation dans les entreprises. C’est particulièrement vrai dans le secteur de la banque et assurance, où les cadres ont un taux de rotation quasi stable depuis 30 ans (de 5 à 8%). Durant ces trois décennies, le niveau de formation demeure toujours plus important dans l’intégration sur le marché du travail. Encore faut-il y accéder de la meilleure façon possible : aujourd’hui, «les emplois stables et instables forment deux mondes séparés, les emplois instables constituant une ‘trappe’ pour ceux qui les occupent», analyse Claude Picart.

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