Emplois verts : une croissance inégale selon les filières

Les énergies renouvelables regroupe un large spectre de filières : de l'hydroélectricité, l'éolien, le solaire photovoltaïque et thermique, la géothermie et l'aérothermie, au biomasse qui comprend le biogaz, les biocarburants et le bois-énergie. Ce qui laisse à penser que les possibilités de créations d'emplois seront très variées et nombreuses. Les prévisions du Grenelle de l'environnement et du Syndicat des Energies Renouvelables (SER) étaient jusqu'ici optimistes avec 220.000 emplois créés d'ici 2010 et on recensait déjà 145.000 créations de postes l'an dernier. Une croissance verte confirmée par le Rapport 2010 sur l'environnement publié en juin qui enregistrait une hausse de 3% entre 2004 et 2008. Les emplois liés au développement des énergies renouvelables ont connu à eux-seuls une hausse de 17,6%. Mais cette croissance loin d'être un long fleuve tranquille et se montre plutôt inégale selon les types d'énergies.

Le solaire, secteur le plus créateur d'emplois
Energie souvent jugée mineure comparée à l'éolien, le solaire est pourtant très prometteur et représente 40% des créations d'emplois dans les énergies renouvelables, soit 40.000 emplois d'ici 2010. Selon le rapport de PricewaterhouseCoopers paru au début de l'année, le photovoltaïque a connu un fort développement en 2009, mais celui-ci ne pourra se confirmer en 2010 que si des changements réglementaires interviennent. Et ces freins ne sont pas les seuls puisque la France accuse également un retard en termes de formation.

La filière éolienne mise à mal
Du côté de l'éolien français, on annonçait la création de 50.000 nouveaux emplois. Pourtant les 2000 salariés actuels craignent déjà pour leur emploi. Selon GDF Suez, le développement de l'éolien est quasiment à l'arrêt, la faute au projet de loi "Grenelle 2" qui comporte des dispositions plus contraignantes que le Grenelle 1, menaçant plusieurs milliers d'emplois dans la filière éolienne. "Si le texte de loi est adopté en l'état, le rythme du développement du parc français sera considérablement ralenti" selon le SER, alors même que le secteur embauche de plus en plus de main-d'oeuvre et le doublement des emplois était prévu dès 2012.

La géothermie encore boudée
La mise en oeuvre pratique d'une énergie comme la géothermie est beaucoup plus contraignante et pour le moment, le niveau de formation des prescripteurs en solutions énergétiques reste insuffisant selon le Ministère du Développement Durable. La géothermie dite "superficielle" relative au bâtiment représente le marché le plus important en termes d'emplois, alors que la géothermie profonde (des maisons individuelles) stagne et son développement reste incertain.
Pour l'aérothermie, le retour de la croissance n'est lui pas prévu avant mi-2011 d'après l'étude de XERFI Research publiée en mai 2010. La mise en place de la réglementation thermique 2012 devrait en effet privilégier l'installation de pompes à chaleur dans les logements neufs. La France rattrapera alors peut-être son retard. En Allemagne ou en Suisse, la "géothermisation" des logements neufs a déjà permis la création de plusieurs milliers d'emplois dans les PME et TPE.

D'autres filières se font une place
Pour d'autres énergies comme la biomasse (biogaz, biocarburants, bois-énergie), les emplois directs se créent principalement dans la production, la logistique et l'exploitation. La biomasse nécessite également d'avoir du personnel qualifié pour le conseil, la vente, installation, le service après-vente ou fabrication d'équipements de chauffage... Mais plutôt que de créer de nouveaux emplois, le secteur aura surtout besoin que voir certains de ses métiers se réorienter ou se spécialiser.
Le potentiel hydroélectrique de la France reste, lui, encore assez mal exploité. Le parc français devrait bénéficier du plan de relance de l'hydroélectricité en France du Grenelle de l'environnement. Les emplois touchent surtout à la maintenance des installations existantes.
Pour ces énergies renouvelables, les perspectives d'emplois sont donc présentes. Et même si elles sont de moindre importance sur le plan des créations de postes, elles devraient malgré tout contribuer comme les autres à la croissance verte.

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