"Le CV anonyme n'est pas une fin en soi"

(b)A l'origine du CV anonyme, il y a en 2004 le rapport du fondateur d'AXA, Claude Bébéar, ("Des entreprises aux couleurs de la France") qui préconisait son utilisation... (/b)

C'est vrai qu'on parle beaucoup d'AXA par rapport au CV anonyme, mais il est important de rappeler que ce n'est pas une fin en soi. Le CV anonyme n'est qu'un outil au service d'une politique. C'est un outil qui permet de garantir une non-discrimination au niveau de la présélection des candidatures.

(b)Vous l'utilisez pour l'instant uniquement dans le recrutement des commerciaux, pourquoi ?(/b)

C'est sur ces postes que nous recrutons le plus. Notre plan de recrutement sur les postes administratifs (informaticiens, souscripteurs...) représente 100 personnes par an, alors que pour les commerciaux nous sommes entre 500 et 600 recrutements par an. La deuxième raison, c'est que techniquement, c'est plus facile d'anonymiser les candidatures qui arrivent par notre site Internet.

(b)Comment se passe le traitement des candidatures ?(/b)

Quand le candidat postule sur notre site, il indique le département dans lequel il souhaite travailler, cela permet ensuite un routage vers le consultant RH du département en question. Les données relatives à l'identité du candidat (âge, sexe, nationalité, adresse postale, adresse mail) ayant été anonymisées, le consultant RH ne se concentre que sur la formation et expérience professionnelle. Lorsque la candidature correspond au poste à pourvoir, une réponse automatique est adressée au candidat l'invitant à prendre contact avec le consultant pour l'entretien.

(b)Est-ce que ce traitement anonyme des candidatures pourrait être généralisé aux autres métiers ?(/b)

C'est dans notre projet. L'idée, en 2007, c'est d'essayer d'élargir à l'ensemble des métiers pour lesquels nous recrutons.

(b)Quels sont les outils complémentaires au CV anonyme pour lutter contre les discriminations ?(/b)

Ce qui nous paraît le plus important c'est la déontologie que respectent les recruteurs. Nous avons signé un accord sur l'égalité professionnelle qui permet d'avoir un oeil attentif sur toutes sortes de discriminations. Que ce soit la discrimination homme-femme, l'accueil des travailleurs handicapés ou sur la différence des âges en offrant les mêmes chances en terme de promotion et de formation... Cet accord couvre l'ensemble des ressources humaines : le recrutement, la mobilité, la formation professionnelle et le développement de carrière.

(b)L'entreprise a un rôle à jouer dans l'intégration ?(/b)

Oui. Nous sommes pour une politique volontariste en faveur de la diversité qui est signe de richesse dans l'entreprise. Nous y croyons beaucoup car nous sommes une société de services, de contact. C'est non seulement une richesse au niveau de l'entreprise, puisque cette diversité accompagne une richesse de réflexion, d'innovation, mais elle donne aussi une image intéressante vis-à-vis des clients. Il y a vraiment un avantage à tous les niveaux. Et puis cela permet bien sûr l'intégration des gens qui ont des difficultés dans l'accès à l'emploi. Nous avons plusieurs manières de le faire, par les stages, l'alternance, etc.

(b)Pensez-vous qu'il faut rendre le CV anonyme obligatoire ?(/b)

Notre position, c'est de dire (i)"laissons les gens s'approprier les choses, n'imposons pas"(/i). Ce qui est bon pour une grande entreprise n'est pas systématiquement applicable aux plus petites. Ceci dit, la technique aidant, cela pourrait se développer. Mais encore une fois, le CV anonyme n'est pas une fin en soi, ce n'est qu'outil, un élément qui doit faire partie d'une politique. Aujourd'hui, nous disons simplement que c'est quelque chose qui nous convient bien, qui participe à la politique que nous voulons mettre en place, et nous allons continuer à le développer dans nos recrutements.