Le point sur l'emploi des cadres dans le Grand Ouest

Quels ont été les effets du ralentissement économique dans le Grand Ouest ?

Sur les Pays de La Loire et la Bretagne, le premier trimestre 2009 a été bon. Nous n'avons pas vraiment ressenti les effets du ralentissement en ce qui concerne les recrutements en CDI. En revanche, le travail temporaire a connu un ralentissement. Nous avons réellement commencé à ressentir les effets de la crise sur l'ensemble des filières dès la mi-avril 2009. Mais depuis mi-juin, la tendance semble s'inverser.

Vous constatez une reprise de l'activité ?

Depuis la mi-juin, sur l'ensemble de nos filières, nous avons beaucoup plus de missions temporaires. Cela se confirme sur juillet, avec des volumes de recrutements qui augmentent peu à peu, et cette fois, autant pour le travail temporaire que le recrutement en CDI. Aujourd'hui, sur le terrain, il y a des signes qui semblent annoncer une reprise pour le dernier trimestre 2009, mais il est encore tôt pour se prononcer de manière définitive, car nous n'avons aucune visibilité, comme toutes les entreprises d'ailleurs.

Quels secteurs se portent le mieux dans la région Ouest ?

C'est très diversifié. Parmi les secteurs qui recrutent aujourd'hui on trouve la bancassurance, l'agroalimentaire, la défense et les services, plus particulièrement dans les télécommunications (centres d'appels notamment).

Plus spécifiquement, quelles fonctions résistent le mieux à la crise ?

D'une manière plus générale, les recrutements restent soutenus sur les métiers de la gestion/finance, et plus particulièrement sur tous les métiers liés à la comptabilité. Et ce, quelle que soit la spécialité (comptabilité générale, clients, fournisseurs, trésorerie...). Sur le premier trimestre 2009, en nombre de missions d'intérim, cette fonction a augmenté, de plus de 10% par rapport à la même période en 2008. Et cette croissance continue aujourd'hui.

En période de crise, les entreprises sont beaucoup plus vigilantes concernant l'analyse de leurs comptes, a fortiori lorsqu'elles doivent reporter à une maison-mère étrangère. On voit donc logiquement émerger de forts volumes de recrutements sur des fonctions comme consolideur ou credit manager. Dans la même logique de contrôle des coûts, nous avons également de fortes demandes pour les contrôleurs de gestion.

Les commerciaux sont eux aussi très recherchés, et ce dans tous les secteurs. En période de crise, les entreprises ont besoin de personnes sur le terrain pour fidéliser les portefeuilles clients ou tout simplement prospecter de nouveaux marchés. Actuellement, nous sommes très sollicités sur des profils de chargés de clientèle et de chargés d'affaires, avec une double compétence commerciale et technique (électricité industrielle, bâtiment, chauffage-climatique...).

Enfin, en industrie, toujours dans cette démarche de contrôle et d'optimisation des coûts, il y a beaucoup plus de demandes sur les postes de techniciens de maintenance, mais également sur les fonctions de production, de méthode et qualité. Dans cette période d'incertitude économique, les entreprises préfèrent logiquement entretenir leur parc de machines plutôt que de le renouveler.

Quels sont les métiers porteurs aujourd'hui ?

Actuellement, le secteur agroalimentaire, la défense, les énergies renouvelables ont le vent en poupe... L'environnement, par exemple, recrute sur tout ce qui est lié au traitement des eaux usées, où l'on recherche des ingénieurs et techniciens en génie civil. Le photovoltaïque commence également à avoir d'importants besoins en recrutement, principalement sur des postes de techniciens.

Enfin, plus localement, à Nantes, dans le secteur de l'énergie, la refonte de toute l'électricité du service public entraine de nombreuses demandes pour des postes de techniciens.

Quel impact a eu la crise sur les procédures de recrutements ?

La demande du marché se fait sur des profils très spécialisés. Sur les process de recrutement, nous nous faisons face aujourd'hui à un nouveau phénomène : les personnes qui sont en poste sont plus "frileuses" quant il s'agit de changer d'emploi. Il arrive de plus en plus fréquemment que, tout en se déclarant à l'écoute du marché, elles passent des entretiens, mais quand l'entreprise souhaite signer un contrat, elles se rétractent. L'avenir étant incertain, les candidats ne prennent pas de risque.

Les process de recrutement sont également beaucoup plus longs. Lorsque le marché était en pleine croissance, il fallait recruter vite et l'on se posait moins de questions. Aujourd'hui, les entreprises ont pris réellement conscience que recruter avait un coût. L'entreprise recrute sur du long terme et ne veut prendre aucun risque. La conséquence pour les candidats est que, là où jusqu'à présent ils devaient convaincre une ou deux personnes, ils doivent désormais rencontrer trois voire quatre responsables.

Les salaires du Grand Ouest sont en dessous de la moyenne nationale, comment l'expliquez-vous ?

Les salaires en province ont toujours été un peu plus bas que la moyenne parisienne. Dans l'euphorie des années précédentes, 2008 inclus, on a vu que certaines fonctions se rapprochaient des salaires de l'Ile-de-France, notamment en informatique, sur des postes d'acheteur en ingénierie par exemple. Certains salaires avaient complètement explosé et étaient totalement détachés de la réalité du marché.

Depuis la crise, on constate un certain rééquilibrage au niveau des salaires, avec des entreprises qui cherchent à contrôler leur masse salariale et des candidats qui sont de leur côté moins exigeants.

Quelles sont les professions les mieux rémunérées ?

On constate une légère croissance sur certains postes très demandés comme les comptables (croissance de l'ordre de 4% à l'embauche sur le premier trimestre 2009). De leur côté, les chargés d'affaires sont les mieux rémunérés. Ce sont des fonctions très demandées et difficiles à recruter : les entreprises recherchent des profils expérimentés, avec une double compétence technique et commerciale, mais qui arrivent également avec leur portefeuille de clients.

Les postes de techniciens de maintenance connaissent eux aussi une légère croissance (+5,9%), qui s'explique principalement par la forte demande du marché et la pénurie de candidats sur ces métiers.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés qui cherchent actuellement du travail ?

Les jeunes diplômés doivent être opportunistes et analyser le marché. Qu'ils n'hésitent pas à faire beaucoup de candidatures spontanées, car il y a moins d'offres qu'à une certaine époque. En même temps, ils doivent se montrer moins exigeants : cela peut passer par le fait d'accepter des missions en travail temporaire ou des postes un peu moins intéressants ou inférieurs à leurs aspirations, mais qui rentrent dans leur domaine de compétences, pour pouvoir mieux rebondir par la suite. Aujourd'hui, les jeunes diplômés doivent avoir l'ouverture d'esprit nécessaire pour accepter de "rentrer par la petite porte", faire leurs preuves et évoluer dans l'entreprise.