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Pénurie de profils informatiques : la rançon du "court terme"

Par Flavien Chantrel | Publié le 05/01/2012 - Mis à jour le 05/02/2015

La pénurie de profils informatiques est régulièrement évoquée par les professionnels de ce secteur très dépendant de la conjoncture. Mais une récente étude vient éclairer d'un jour nouveau ce "déficit de talents" récurrent.

Et si la pénurie récurrente d'informaticiens n'était que "la rançon d'un mode de gestion de l'emploi très focalisé sur le court terme ?" C'est ce que suggère une étude de Pôle emploi sur les métiers de l'informatique, dévoilée le mois dernier. Selon ce document consacré à un "domaine professionnel très sensible aux évolutions conjoncturelles", la gestion des emplois dans le secteur est "peu propice à répondre aux besoins lorsque ceux-ci s'accroissent succédant à des périodes où les recrutements se sont raréfiés".

En clair, après une période de crise comme celle de 2008-2009, le secteur informatique connaît toujours une pénurie de profils quand la conjoncture s'améliore. Et c'est ce qui se passe depuis l'an dernier avec une nette reprise des embauches dans le secteur IT.
Cette "pénurie" est d'ailleurs plus nette sur certains types de professions comme les ingénieurs informatiques. La raison est simple selon Pôle emploi, ces effectifs ayant connu "une augmentation considérable de leurs effectifs passant d'environ 50.000 emplois au début des années 80 à près de 320.000" aujourd'hui. Mais ce ne serait pas la seule explication.

Turn-over important dans les SSII
Pour les postes d'ingénieurs informatiques, la forte concentration en région Ile-de-France, Midi-Pyrénées ou Rhône-Alpes pourrait aussi expliquer la difficulté des recrutements. Mais ce n'est pas la seule spécificité de ces métiers : un niveau de diplôme élevé, une charge de travail importante, un taux de féminisation qui peine à progresser... autant de raisons qui grèvent un peu l'attractivité de ce secteur qui, du coup, connait un turn-over assez important, en particulier dans les Sociétés de services Informatiques (SSII). 
Toujours selon l'étude de Pôle emploi, "en France 77% des jeunes diplômés en informatique débuteraient ainsi leur entrée dans la vie professionnelle à partir d'une SSII alors que seul 1% de l'effectif des SSII quitterait l'entreprise pour cause de retraite". C'est 10 fois moins que dans n'importe quel autre secteur. 

Focalisation sur les besoins immédiats
Cette focalisation sur les jeunes diplômés s'explique en partie par la nature de l'activité des sociétés informatiques "soumises à la pression de l'innovation technologique" avec par exemple les transformations en cours dans le domaine du cloud computing. Mais elle s'accentue avec la pression sur la maîtrise des coûts. Pour les professionnels du secteur, la rapidité de transformation de l'activité empêcherait toute anticipation des besoins sur le moyen et long terme au niveau des besoins en volumes d'emplois. Conséquence, selon Pôle emploi "plutôt que d'investir dans une gestion des compétences à moyen et long terme, les prestataires sont tentés de se focaliser sur la satisfaction des besoins immédiats".

Une tension "inhérente au modèle économique"
Au final, la tension du recrutement dans le secteur informatique semble donc inhérente au modèle économique de ces entreprises. L'étude de Pôle emploi va ainsi dans le sens du Munci. L'association professionnelle des informaticiens critique en effet régulièrement les prises de positions du Syntec Numérique, la Chambre professionnelle des SSII, des Éditeurs de Logiciels et des sociétés de Conseil en Technologies, sur les chiffres du chômage des informaticiens et ses origines.
 
L'étude de Pôle emploi se termine sur une orientation déjà perceptible pour l'avenir du secteur. Avec d'une part une industrialisation qui permet de satisfaire la pression sur les coûts des donneurs d'ordre et, d'autre part, une diversification sur les activités de conseil et de services au plus près du client final. Cette dernière activité, qui n'est pas délocalisable, constituerait selon les auteurs de l'étude, une bonne option pour s'engager sur une gestion de l'emploi et des compétences à plus long terme. D'autant que ce secteur, qui emploie plus d'un demi-million de personnes, est et restera hautement stratégique et porteur de croissance dans les années à venir. 

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