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Pour 75% des Français il est plus facile d’être fidèle à son conjoint qu'à son entreprise

Par Guirec Gombert | Publié le 20/04/2015 - Mis à jour le 11/05/2015

Dans un récent sondage, 51% des salariés déclarent qu’ils aimeraient changer d’entreprise. Pour l’argent bien sûr mais aussi par goût du risque, explique le sociologue Ronan Chastellier.

Plus de la moitié des salariés se déclarent prêts à changer d’entreprise, comment expliquez-vous ce chiffre ?

RonanChastellierLe désir de stabilité qu’ont pu connaître nos parents n’est plus le modèle dominant. La fidélité à l’entreprise apparaît comme une notion sentimentale dénuée d’intérêt. Au contraire, les salariés souhaitent tester les marges de liberté qui s’offrent à eux. L’infidélité apparaît alors comme une notion constructive. Plus aventuriers, les salariés étudient toutes les propositions, voire les provoquent en se rendant visibles des recruteurs sur les réseaux sociaux professionnels par exemple. Un salarié sur trois quitte d’ailleurs son entreprise suite à une « bonne » rencontre.

Ce comportement correspond bien aux valeurs de notre société ?

Oui, tout à fait, les salariés ont intériorisé le marché du travail et les pratiques des entreprises. Avant, le modèle des Ressources humaines, c’était un individu qui avait un destin dans l’entreprise et s’inscrivait dans la durée. Aujourd’hui, les contrats sont de plus en plus des contrats à durée déterminée. Même les grandes entreprises parlent d’agilité, d’adaptation rapide à l’environnement. De fait, les salariés sont également plus mercenaires dans leur façon d’agir. D'ailleurs, la première raison qui pourrait les amener à changer d’entreprise, c’est un meilleur salaire.

Si 51% des salariés répondent qu’ils aimeraient changer d’entreprise, seulement 16% déclarent vouloir vraiment changer d’entreprise…

Il y a effectivement une forme de bovarysme dans l’infidélité des salariés avec l’entreprise. Pour autant, la fidélité est aujourd’hui résiduelle : les salariés restent en attendant de trouver mieux. Auparavant ça semblait naturel que les employés fassent leur carrière dans une même entreprise. Le discours actuel va à l’opposé de cette conception d’une vie professionnelle.

Bien sûr tout le monde ne quitte pas son entreprise mais c’est alors plus par manque d’opportunités que par choix de rester «à vie» dans l’entreprise. Ce rapport à l’entreprise est symptomatique : en couple, les individus ont les mêmes difficultés à ne pas aller voir ailleurs, même si 75% des Français déclarent qu’il est plus facile d’être fidèle dans sa relation de couple que dans sa relation à l’entreprise (23%). Ces comportements sont à rapprocher d’une société du jeunisme qui implique d’être constamment dans le mouvement…

Une étude démontre que contrairement aux idées reçues, les cadres ont intérêt à rester dans l’entreprise et saisir les opportunités au cours de leur carrière. N’est-ce pas contradictoire avec ce sondage?

La tendance est, comme dans le couple, d’un amour avec l’entreprise qui dure 3 ans. Si l’on veut apporter un peu de « moral » à tout cela, citons la fidélité créatrice du philosophe Gabriel Marcel. Comme lui, je pense qu’on peut se mettre à l’abri des humeurs passagères pour édifier une œuvre dans le temps. La fidélité en entreprise est alors possible si les deux parties partagent des notions communes : confiance, opportunités d’évolution et de carrière, etc. Pour autant, je doute que la tendance soit aujourd'hui aux relations de fidélité et de constance…

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