Recrutement des cadres : des raisons d'espérer

L'année 2008 a été très contrastée en matière de recrutements...

C'est une année en deux temps, avec une croissance forte sur les deux premiers tiers de 2008. La crise est arrivée le dernier tiers de l'année.

Est-ce que vous vous attendiez à une crise aussi violente et ces répercussions sur les recrutements ?

Même si le monde s'accélère et qu'avec les systèmes de communication tout va beaucoup plus vite, je ne pensais pas que le ralentissement allait être aussi violent et rapide. En même temps, la crise était présente aux Etats-Unis depuis longtemps... La Bourse a anticipé très rapidement, le marché du recrutement a attendu quasiment un an pour ralentir à son tour.

Les conséquences sur les chiffres du recrutement sont déjà très nettes...

Les conséquences sur le marché de l'emploi sont significatives. Mais il faut faire attention aux chiffres qui sont un peu tronqués. Lorsqu'on fait des moyennes, les recrutements des cadres en 2008 ont connu une croissance de +4% par rapport à 2007. En revanche, si l'on compare décembre 2008 avec décembre 2007 nous sommes à -14%. Même chose, si on regarde le dernier trimestre 2008 par rapport à 2007 nous en sommes à -5%. Il faut donc bien se méfier des moyennes et comparer ce qui est comparable. L'activité du recrutement en 2008 c'est vraiment une courbe qui monte et qui s'effondre d'un seul coup. La moyenne sur l'année atténue la violence de la crise.

Faut-il pour autant être alarmiste ?

La tendance est baissière, mais en même temps, compte-tenu de la violence de la crise, cela ne peut que redémarrer. Les entreprises ont pilé à l'annonce de la crise. C'est un peu comme si nous étions entrés dans une nappe de brouillard où il n'y a aucune visibilité. Mais nous sommes tout de même obligés d'avancer. Il faut s'adapter à cette période de crise.

Quels sont les secteurs ou les métiers les moins touchés ?

Même si les banques d'affaires se sont effondrées, les banques de réseau continuent de recruter pour maintenir leur position. Sur les postes de chargés d'affaires, de responsables d'agences, les embauches continuent. L'informatique est touchée mais pas tant que cela. Le secteur de la santé ne ralentit pas. Même chose pour les postes en Ressources humaines qui sont peu impactés : ce sont des métiers encore plus stratégiques que d'habitude en période de crise. La communication interne est également très importante dans ce contexte, les entreprises en ont besoin alors que la communication externe fait comme toujours les frais des ajustements. Le secteur des nouvelles énergies, les grands projets d'infrastructures qui sont étalés sur des années sont également peu impactés par la crise. Idem pour les métiers du web-marketing et de la gestion : les entreprises ont toujours autant de mal à trouver ces profils.

Les secteurs qui manquaient déjà de candidats vont rester en tension ?

Oui, d'autant plus que les candidats sont frileux. Ils hésitent à changer de poste dans cette période incertaine.

Quels conseils peut-on donner aux candidats ?

Aujourd'hui, il reste malgré tout des opportunités de carrière. La crise ne doit pas être un prétexte à l'immobilisme. Il faut être un peu malin et se démarquer, aller à contresens. Comme tout le monde est un peu frileux, il y a moins de concurrence sur le marché de l'emploi. Les profils rares ont donc tout à gagner.