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Le temps partiel, une réserve d'emplois ? Vraiment ?

Par Guirec Gombert | Publié le 18/03/2016 - Mis à jour le 24/03/2016

France Stratégie a voulu comprendre si le développement du temps partiel permettrait de réduire le chômage. Pour le Figaro, cela ne fait aucun doute, les conclusions de l'institut sont pourtant bien plus nuancées...

Quelle mouche a piqué Anne de Guigné, journaliste au Figaro ? Dans l'édition du 17 mars, elle se demande si Construire des crèches nuit au plein emploi... Pour étayer ses propos, elle se base sur un document de France Stratégie sur le temps partiel en France et en Europe. Dans l'Hexagone, 4,7 millions de personnes travaillent à temps partiel (12% de la population active), une part inférieure de 7 points à celles des pays européens souligne l'institut avec, en parallèle, un taux de chômage supérieur. Dans cet écart, la France aurait-elle une réserve d'emplois dans laquelle puiser interroge France Stratégie. Le Figaro a la réponse : oui, au moins deux fois oui. Parce que les Français travailleraient moins que leurs voisins et parce que "pour une entreprise, créer un emploi à temps partiel est toujours plus simple qu'un emploi à plein- temps"... Pourquoi pas après tout. Mais la journaliste ne semble pas bien à l'aise avec les chiffres qu'elle a sous les yeux. Selon elle, le faible taux d'emploi en France (64,2% contre 73,8% en Allemagne par exemple) est encore davantage creusé par "la faiblesse du travail à temps partiel (...) où seulement 12% de la population en âge de travailler ont opté pour cette voie, contre 20% dans les pays européens à fort taux d'emploi".

C'est oublier que le temps partiel est essentiellement subi, majoritairement par les femmes, en France comme à l'étranger. Subi dans le sens où "la personne déclare n’avoir pas trouvé un emploi à temps plein ou souhaite travailler davantage et est disponible pour le faire", précise France Stratégie. Cela n'empêche pas la journaliste d'écrire ensuite qu'en France, "grâce aux politiques d'accueil des jeunes enfants, mais aussi aux rythmes scolaires - les enfants sont occupés tout la journée -, les femmes peuvent travailler à temps plein. Le taux d'emploi féminin à taux plein s'élève ainsi à 43%, contre 37% en moyenne chez nos voisins européens". Un taux qu'elle voit comme "un retard" lié aux "politiques familiales françaises". 

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Donc les femmes travailleraient trop à temps plein en France ? selon la journaliste. On s'y perd... France Stratégie évoque dans son étude le Male Breadwinner, un système où c'est l'homme qui apporte le plus gros salaire au sein du ménage. Un schéma viable en Allemagne mais moins en France où "entre 2000 et 2015, l'indice du prix des logements rapporté au revenu disponible par ménage a augmenté de 65% en France quand il est resté stable en Allemagne. Percevoir un salaire à temps plein ou deux salaires à temps plein pour un couple est devenu une condition nécessaire en France pour subvenir aux besoins du ménage", précise l'étude de France Stratégie. Un choix de société donc, d'autant que l'Allemagne encourage fiscalement le temps partiel. Est-ce souhaitable pour la France comme le suggère la journaliste du Figaro ? La réponse est pourtant facile à trouver, dans la conclusion du document : "L'enseignement de ces observations est qu'il ne faut pas surestimer le potentiel de développement de l'emploi à temps partiel". Encore plus loin, "la cohérence de fait de notre modèle d'activité féminine conduit à relativiser les bénéfices à attendre d'une éventuelle inflexion". 

Concédons toutefois à Anne de Guigné que, selon France Stratégie, il existerait peut-être des marges de manœuvre pour encourager le travail à temps partiel afin de réduire le chômage aux deux extrémités de la vie active (jeunes et vieux), "pour les hommes comme pour les femmes". 

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